Esther ABITBOL, l’héritage d’une grande dame juive, libre et engagée.
Esther aimait raconter sa première rencontre avec ma mèreZl et comment elle m’avait « enrôlé » au DEJJ.
Nous étions au mois de juin 1963, ma mère s’était rendue au Centre Communautaire de Lyon pour inscrire en colonies de vacances mes jeunes frères Paul et Marcel et ma sœur Juliette. Esther sachant mieux que quiconque utiliser les bons de vacances et bourses du Fond Social arriva très vite à persuader ma mère que le camp de Levens situé à une vingtaine de km de Nice et de Monaco était le lieu de vacances idéal pour mes jeunes frères et sœur.
Sur le cadre de vie et l’encadrement, ma mère fut vite rassurée par celle qu’elle appelait « l’assistante sociale du DEJJ ».
C’est en remplissant les formulaires d’inscriptions qu’Esther découvrit sur le livret de famille la présence d’un jeune homme de 18 ans.
« Pourquoi ne l’inscrivez-vous pas aussi en colonie de vacances ? » interrogea Esther ?
Du tac au tac ma mère répondit
« Mon ainé, c’est un chef scout et de plus il a été madrikh au DROR
« Dites-lui que je voudrais le voir. J’ai une belle offre à lui soumettre »
Voilà comment a débuté mon engagement au DEJJ aux côtés d’une enseignante, d’une pédagogue, d’une militante, d’une éducatrice juive aux multiples talents.
Esther savait au premier entretien quels étaient les ressorts de notre motivation. Elle savait mettre en valeur et tirer profit du potentiel de chacun.
Elle voulait toujours plus, toujours mieux, pour les enfants à qui il fallait éviter de tomber dans la délinquance. Ces « petits juifs arrivés d’Algérie qui avaient côtoyé la guerre qui avaient peut-être utilisé des armes à feu » Il fallait les protéger, les accompagner dans leurs études et leur insertion en France, les remettre sur les voies du judaïsme.
C’est sur ces objectifs que nous nous sommes nous-même construits, sommes devenus autonomes et avons assumés jusqu’à ce jour des responsabilités communautaires dans toutes les institutions juives.
Sans en être conscients nous avons contribué à la re fondation du judaïsme français et écrit une page de l’histoire des juifs de France, de l’histoire de la Communauté juive de France.
Esther ne cessait de nous encourager, de nous dispenser conseils et directives, de nous aider à grandir. Son impact sur nos études, sur notre vie familiale et sur notre carrière professionnelle est indéniable.
À Lyon, Esther Abitbol a été le stratège du DEJJ, la mentore, la guide de plusieurs dizaines de cadres.
Éric Cohen, Robert Azoulay, Alain Amram, Alain Toubiana,Gilles Fougerolles, Daniel, Robert et Raphaêl Rouach, Norbert Morali, les frères Belhassein, Sebban Alain et Claude, Paul Bensadoun, Richard Benitah, André Guedj, Roger Partouche, Maurice Amoyal, les frères et sœurs Sellam et tant de dizaines d’autres ont été ses fidèles et talentueux disciples.
Esther Abitbol une femme remarquable, d’une haute qualité morale. Une grande dame, libre et engagée.
Jean-Claude BENSOUSSAN
DEJJ LYON
