L’ACTION DU DEJJ AU MAROC ET EN FRANCE À L’ÉTÉ 62
Évoquer son vécu au DEJJ exige quelques précautions :
- être conscient de n'avoir qu'une vision parcellaire de la réalité
- reconnaître que d'autres responsables plus impliqués ou plus âgés peuvent avoir d'autres visions de l'action de DEJJ.
Ce que je sais c'est que Edgard Guedj, Lynclair, pour les options politiques et éducatives, au Maroc, s'entourait d'un comité composé entre autres de personnalités comme le directeur général de l’AIU, celui de l'ORT, le directeur de l'ENO ....
Pour la direction et l'encadrement des centres de vacances
,en plus des cadres issus des EI, le DEJJ bénéficiait du concours de nombreux enseignants et directeurs d'établissements scolaires.
Pour citer quelques noms que l'on retrouvera, dès 1962 engagés dans l'action du DEJJ en France et en responsabilité à des niveaux importants au service du développement communautaire : Claude, Ralph et Roger Sultan, Edmond Elalouf, Prosper Elkoubi, Léon Zrihen. Esther et Salomon Abitbol, Rikki Serfaty, André Darmon, Gilbert Malka, Simon Busbib, Joseph Bengio, Salomon Aflalo.
Nous les retrouverons en poste comme permanents au DEJJ, directeurs de centres communautaires délégués régionaux du FSJU, délégués de l'AUJF, rabbins du Consistoire ....
Pardon de ne pouvoir citer tous les militants et jeunes cadres du DEJJ qui ont participé à cette aventure.
L'indépendance du Maroc en 1956 a modifié le statut de certaines organisations juives et suscité un climat de suspicion qui a conduit à l'émigration massive des juifs du Maroc.
Rappelons-nous la psychose du passeport et les longues files devant les administrations.
Rappelons-nous le travail important des chlihims de l'Agence Juive pour organiser une alyah clandestine, d'abord, puis une alyah collective massive avec le consentement des autorités marocaines.
Ce climat a conduit les juifs du Maroc à envisager leur alyah ou leur installation en France , au Canada .....
Dans ce contexte, l'indépendance de d'Algérie en 1962 et l'exode massive et précipitée des juifs d'Algérie vers la France, ont conduit les instances juives de France à s'organiser pour leur accueil.
C'est dans ce contexte que Edgard Guedj , Lynclair, a été chargé d'organiser l'accueil des enfants arrivant l'Algérie et libérer les parents en recherche d'une difficile installation.
A ce sujet une anecdote:
Théo Klein membre de l'exécutif du FSJU dit à Lynclair "Nous vous soutenons dans votre mission mais nous n'avons pas de cadres"
" nous , nous les avons!"
C'est ainsi qu'à l'été 1962 ,alors que des centaines d'enfants étaient accueillis dans les camps du DEJJ au Maroc, une grande partie de l'encadrement s' est rendue en France pour l'accueil des enfants l'Algérie.
D'autres cadres pourraient mieux que moi décrire ce que fut leur action cet été, où toutes les installations, écoles et centres ont été mis à la disposition de DEJJ.
Après avoir encadré les enfants, en juillet 1962 près de Rabat (à la Cheneraie) j'ai assisté à l'arrivée des enfants d'Oran au château de Laversine début août.
Nombreux sont les cadres qui pourront raconter ce que fut cet été d'engagement et les mois qui ont suivi.
Il y a un aspect, en général peu évoqué et dont je voudrais souligner l'importance historique:
L'ensemble des cadres du DEJJ au Maroc ont retrouvé en France le terrain propice à leur engagement dans l'esprit du DEJJ j et c'est ainsi qu'ils se sont engagés et pris des responsabilités vitales pour la communauté.
Certains se sont investi dans les délégations régionales du DEJJ .
D'autres ont été ,disons-le, grâce au soutien de Lynclair, à des postes importants comme directeurs régionaux du FSJU ,de l'appel Unifié , directeurs de centres communautaires, ainsi que rabbins comme Claude Sultan, professeur à l'école rabbinique et Raphaël Perez Zal ,grand rabbin de Strasbourg.
D'autres enfin, après leur mission en France ont poursuivi leur engagement exemplaire en Israël : Esther et Salomon Abitbol , Claude Laloum , le groupe Aleh DEJJ et tant d'autres.
Pardon pour tous ceux que je ne cite pas.
En conclusion de ce témoignage je souligne le caractère exceptionnel de l'action du DEJJ au Maroc par une entreprise socio-éducative de masse, par la formation de cadres engagés.
Le fruit de cette aventure, inspirée et conduite par Lynclair, aura prolongé cette action éducative en France et en Israël.
Tous ceux qui ont participé à ce défi ont écrit une page importante du judaïsme diasporique.
André ROSILIO
DEJJ Paris