LE 15
À l’époque, je ne savais pas que DEJJ rimait avec PIÈGE… lorsqu’un Vendredi soir, après l’office de Chabbat de la Grande Synagogue de la rue Deloye à Nice, mon voisin, (qui roulait les R..) me raconte qu’il vient d’arriver de Turquie et que ses cousins niçois lui ont conseillé d’aller au 15 (avenue de la Victoire) où se réunissaient des jeunes juifs….
Et, nous nous sommes retrouvés, dès le lendemain après-midi à l’oneg Chabbat du DEJJ…au 15.
Des chants, des gâteaux, des rires, des jeunes gens sympathiques (presque tous), des projets, un accueil chaleureux comme si nous nous connaissions depuis très longtemps….
Il y avait Raymond, Charles, Serge, Daniel, Niki, Gérard….
Nous nous retrouvions au 15, une fois par semaine, puis deux fois par semaine, et ainsi de suite…presque tous les jours après le Lycée.
Pour la préparation des activités, pour l’organisation des camps de vacances, pour la formation des cadres, sous la houlette du Responsable Régional que tout le monde appelait « CHEVREUIL ».
Nous avons su, beaucoup plus tard qu’il s’appelait SALOMON AFLALOzl.
La simplicité de l'accueil, la complicité entre les participants, l’atmosphère amicale pour ne pas dire familiale, et surtout la liberté de pratiquer un judaïsme dans la joie.Sans contrainte, comme à la maison. Avec ou sans Kippa …du moins au début.
C’était le D.E.J.J, et c’est encore le D.E.J.J….
CHEVREUIL nous avait raconté que ce mouvement de jeunesse avait été créé au Maroc, qu’il s’occupait de plusieurs centaines d’enfants et d’adolescents de familles défavorisées pour la plupart.
Tous les cadres étaient venus en FRANCE au début des années 60…
Bien sûr, Il existait déjà les EEIF, le BNE AKIVA, l’UEJF…mais l’arrivée en masse des Communautés juives des trois pays du Maghreb nécessitait une restructuration des associations existantes pour prendre en charge le social, la jeunesse, et le culturel…et même le culte.
Le F.S.J.U. fut chargé de ce projet et désigna Edgard GUEDJzl (LYNCLAIR) pour mettre en place de nouvelles structures pour la jeunesse...
Il avait déjà le modèle marocain dont il était un des architectes. Et, avec l’aide de quelques anciens EEIF il créa des délégations régionales.
A Nice, le premier délégué fut Henri SAPORTA dit « Marcassin » qui occupa ce poste pendant 3 ans. Il passa ensuite le relais à CHEVREUIL.
A l’échelon National, LYNCLAIR « décortiquait » les structures de la Communauté et le Rav LÉON ACHKENAZIzl ,MANITOU, résumait en trois mots les fondements du Judaïsme.
עם ישראל תורת ישראל ארץ ישראל
Le Peuple + le Livre + la Terre
Il fallait, autant que possible réussir à associer, dans notre action, les trois volets et ne pas choisir…
Alors que les structures communautaires ne représentaient chacune un des pans : le Consistoire pour la Thora, le Fonds social pour le Peuple et l’Agence juive pour la Terre…
Avec des relations quelques fois « tendues » entre elles…parce ce que chacune était persuadée qu’elle représentait à elle SEULE le Judaïsme...
Aujourd’hui c’est terminé…ou presque.
Alors, pourquoi …un piège me direz-vous ?
Parce que tous ceux qui ont gouté au D.E.J.J sont comme OBELIX….
Ils sont tombés très tôt dans cette « potion magique » et ont poursuivi tous leur militantisme. Au service de la Communauté, comme s’ils étaient redevables de ce qu’ils avaient reçu en cadeau.
Et, quand nous nous croisons, aujourd’hui, cinquante ans après, nous continuons les discussions que les chemins différents que chacun d’entre nous ont empruntés ont interrompu….
Dans un prochain épisode, RAYMOND FITOUSSI et moi nous vous raconterons les activités qui nous permettaient de faire vivre un Judaïsme heureux à des centaines de jeunes gens.
LA TOUR DE MARE, MARCEAU, SHLOMO CARLEBACH, ELIE WIESEL…le 15.
Dr Lucien SAMAK
DEJJ NICE
Novembre 2025