LES ENGAGEMENTS QUI ONT FAÇONNÉS MA VIE
Originaire d’Oran en Algérie, Je suis arrivé, en Juillet 1962, à Lyon où la famille de ma mère s’y était installé.
J’ai été scolarisé en classe de seconde au Lycée des Minimes à Lyon puis au Cours Pascal où l’enseignement était plus exigeant et la discipline plus rigoureuse. A l’âge de vingt ans, j’ai été étudiant à l’École hôtelière de Thonon-les-Bains. Je n’ai jamais cessé d’apprendre.
Les quolibets de nos camarades sur mes origines ou mon accent me firent mal. Seul le temps allait permettre de nous accepter les uns les autres, de concevoir l’idée que nous étions plus proches que différents.
Au début des années soixante, la politique de changement
menée par le Fonds Social Juif Unifié, le FSJU, devait bient6t mener à une profonde mutation du judaïsme de France. Le développement d’un nouveau venu parmi les mouvements de jeunesse, le DEJJ, donna le coup de pouce à ce renouveau.
C’est ainsi qu’avec mon frère Claude et ma sœur Annie nous nous sommes retrouvés au CERCLE DU RENOUVEAU, une branche du DEJJ pour les plus de vingt ans, nouvellement créée par mon ami Jean-Claude Bensoussan.
Nous nous réunissions les mercredis ou jeudis soir à la Maison communautaire.
Jean-Claude ou Esther Abitbol, déléguée régionale du DEJJ, nous proposaient des conférences, des cours de pensée juive, des célébrations de fêtes juives, des excursions à Genève ou à Courchevel, des rallyes automobiles surprise, des soirées dansantes,…..Généralement les soirées se terminaient au « Baby Scotch » de la rue Grolée , bar refuge des jeunes juifs de Lyon, dans une ambiance de musique Blues , symbole des difficultés de la vie et de musique Disco, synonyme de liberté et de bonheur.
Pour la première fois, dans cette France qui ne nous avait pas ouvert les bras tant que cela, nous pouvions être enfin nous-mêmes, nous retrouver entre jeunes juifs, nous reconnaitre. Sans fausse pudeur, ni faux semblants. Nos parents pouvaient être rassurés.
Enfin, et comme rien ne serait possible sans des hommes et des femmes d’exception, c’est au grand rabbin Jean Kling, à Esther et Salomon Abitbol que notre jeunesse doit de s’être retrouvée et d’avoir, en grande partie, évité assimilation.
C’est au cours d’une soirée costumée de Pourim, en 1967, que ma vie a changé. Le bal costumé du DEJJ a rassemblé cette année-là tous les jeunes juifs de la région. Dans une ambiance de carnaval, la musique joue à plein régime, la limonade coule à flots.
Harnaché dans une splendide tenue de Napoléon, mon regard croise celui de …Joséphine. Mon esprit s’embrouille, je suis troublé, resté sans voix. Joséphine répond au nom de Jocelyne Iaich, une oranaise comme moi. Nous avons beaucoup parlé. Nous avons une Histoire commune, des amis en commun. Nous sommes tombés amoureux l’un l’autre.
Nous nous sommes mariés le 17 Septembre 1967 à la Grande synagogue de Lyon en présence de tous nos amis du DEJJ.
Nous avons eu deux magnifiques enfants et mené une carrière professionnelle dans l’hôtellerie, très florissante, tant en France qu’à l’international. Jocelyne et moi avons fondé le Groupe VATEL.
Réservé, timide, rien ne me prédestinait à devenir un leader du monde associatif. C’est pourtant à cette aptitude à mener les hommes que je dois quelques-uns des plus mémorables moments de mon engagement pour le bien commun.
D’abord au sein de l’Union Nationale des Anciens Élèves des Écoles Hôtelières, l’UNAEEH puis au sein d’un grand nombre d’associations hôtelières européennes.
De mon premier engagement au service du judaïsme, j'aidais alors aux activités du DEJJ et du CCJD, Centre Communautaire Juif de la Duchère, je gardais un souvenir heureux. M’y investir près d’un demi-siècle plus tard était pour moi le moyen de retrouver un peu de ma jeunesse et de boucler la boucle. N’avions-nous pas appris au DEJJ que nous devions nous préparer à devenir les cadres communautaires de demain ?
Mon élection à la présidence de la communauté de Lyon-La Duchère, puis à la présidence du Consistoire Israelite Régional Rhône-Alpes-Auvergne puis à la Vice-présidence du Consistoire de France, mes engagements au Keren Hayesod, l’Appel Unifié pour Israël, ne doivent rien au hasard. J’allais pouvoir consacrer un peu de mon énergie à œuvrer en faveur de mes coreligionnaires, surtout des moins privilégiés d’entre eux, surtout en faveur de l’enseignement juif, surtout en faveur d’Israël.
Alain SEBBAN
DEJJ LYON