ALEH DEJJ : LE SIONNISME COMMUNAUTAIRE
En 1965, lors du Congrès Aleph, est formulée l’idée d’un sionisme communautaire, à la fois enraciné dans la société française et solidaire d’Israël. C’est également l’année où la J.A.C. adopte ses cinq grandes résolutions, qui guideront l’engagement de la jeunesse militante.
En 1967, la Guerre des Six Jours provoque une onde de choc dans la communauté juive de France. Une prise de conscience collective s’opère, autour d’une solidarité active avec Israël et d’un réengagement communautaire profond, auquel le D.E.J.J. contribue puissamment
En 1973, NITSAVIM, Le premier rassemblement des cadres du DEJJ Israël marque un tournant décisif et concrétise l’engagement sioniste du mouvement qui crée le Projet ALEH DEJJ « ALYA LÉ EZRAT HaAM »
I - 1973 – ALEH DEJJ : UNE ALYA COLLECTIVE INNOVANTE
Le DEJJ est un mouvement communautaire et apolitique, fondé sur trois piliers : Am Israël, Torat Israël et Eretz Israël.
Depuis ses débuts, sa dimension sioniste se traduit par l’étude de l’histoire et de la culture israéliennes, des voyages de découverte et des actions de soutien à l’État d’Israël.
Si nombre de militants font leur alya individuellement, c’est au début des années 1970 qu’émerge l’idée d’une alya collective regroupant les cadres du mouvement.
Du rêve au projet
La guerre des Six Jours, la crise de l’alliance franco-israélienne et l’émergence du mouvement des Panthères Noires en Israël nourrissent les débats internes.
En Pessah 1972, lors du rassemblement NITSAVIM, 150 cadres du DEJJ rencontrent dirigeants et intellectuels israéliens. Des échanges passionnés font germer l’idée d’ALEH DEJJ.
Lancé avec le soutien de l’Agence juive, d’anciens du DEJJ Maroc, dont Haïm Shiran et Elie Elalouf, et également par des personnalités comme Shlomo Elbaz, professeur à l’Université Hébraïque et fondateur du mouvement Mizrah La Shalom, le projet vise à former une génération de professionnels de l’éducation et du social, porteurs des valeurs et méthodes du DEJJ.
L’engagement
La première promotion est confrontée dès 1973 à la guerre de Kippour. Malgré la crise provoquée par la guerre, le projet accueille de nouvelles promotions pendant quatre ans. Dès la deuxième année, les membres s’installent à Shmuel Hanavi à Jérusalem, quartier défavorisé où ils créent des ludothèques et foyers éducatifs, organisent fêtes populaires et camps de vacances, et participent au ‘’ Mouvement des Tentes’’ qui porte haut et fort les revendications des quartiers pauvres de la ville.
Rayonnement et ouverture
Leur action s’étend : élèves du Lycée français, d’autres réseaux d’étudiants de toutes origines participent à des séminaires et projets éducatifs, renforçant l’impact du groupe à Jérusalem.
Safed – Une magnifique aventure
À la fin des années 1970, les études se terminent et le DEJJ France cesse d’envoyer de nouvelles promotions.
Un noyau d’éducateurs, enseignants et travailleurs sociaux fraîchement diplômés choisit de s’installer à Safed (Tsfat), rejoints par d’autres.
Ils y vivent une magnifique aventure humaine et professionnelle, mêlant engagement éducatif, solidarité et immersion en Galilée. Leur action marque durablement la ville.
Un héritage vivant
Les anciens d’ALEH DEJJ s’implantent aussi dans d’autres villes, poursuivant des carrières remarquables notamment dans l’éducation, le social et la culture.
Des décennies plus tard, ils continuent de participer à la construction d’Israël et, au-delà des divergences et des différences des chemins parcourus, leurs liens d’amitié, de fraternité et de solidarité restent indéfectibles.
II - LES ANCIENS DU DEJJ EN ISRAEL
Ils sont des centaines, des militants, des cadres du D.E.J.J. du Maroc et de France à avoir un jour réalisé leur alya.
Nous les avons rencontrés en Mars 95, au second Rassemblement de Nitsavim, à Jérusalem, où ils sont venus renouer, en même temps que la nouvelle génération d’animateurs, avec un passé riche d’expériences, d’aventures, d’engagements et d’amitié partagée.
Ce sont pour la plupart des hommes et des femmes pleinement engagés dans la vie politique, sociale et culturelle d’Israël. Ils sont montés dans le cadre du GROUPE ALEH DEJJ, d’autres programmes d’alya, seuls ou en famille, étudiants ou professionnels. Ils vivent à Tel Aviv, Jérusalem ou ailleurs, au cœur de la Galilée, du Néguev ou de la Judée-Samarie.
Forts de leur passé de militants, fidèles à leurs convictions et à leurs choix, ils n’ont à aucun moment considéré leur alya comme un simple déplacement géographique, mais comme un moyen de réaliser pleinement leur judaïsme, assumant leur responsabilité au cœur de la cité juive, confrontés à l’histoire immédiate, relevant chaque fois les défis passionnants que propose la vie en Israël. Ils ont puisé dans les rêves, l’enthousiasme et les débats passionnés de leurs 16 ans la force de croire et d’agir, de vivre et de construire, de se battre pour un avenir de justice et de paix. Ici se sont nouées, renouées des relations d’amitié, de militantisme, d’échange, de soutien dans une sorte de vastes réseaux solidaires tissés par des rencontres, des Chabbatot, des fêtes, des cérémonies familiales ou autres.
Ils ont exprimé dans leurs engagements politiques, sociaux, culturels et religieux leurs convictions, d’autant plus divergentes qu’elles trouvent leur expression dans la vie de chaque jour, avec une intensité sans cesse renouvelée.
Leurs enfants n’étudient pas toujours dans les mêmes écoles, ceux qui prient ne prient pas dans les mêmes synagogues et ils ne militent pas dans les mêmes mouvements : il arrive même que, sur la place publique, leurs voix s’opposent vivement. Mais ils ont conservé de leur vécu, de leur expérience au D.E.J.J. l’enseignement de la tolérance, du pluralisme, de l’écoute et du dialogue, hors desquels il n’y aurait pas de vie juive possible.
De cette aptitude au dialogue, ils font encore preuve aujourd’hui, lorsqu’ils affirment leur présence dans des rencontres avec des militants actuels du D.E.J.J., des responsables communautaires, dans le soutien qu’ils apportent aux services d’immigration et d’intégration en général.
Car s’ils sont pleinement impliqués dans le devenir du pays, ils n’oublient pas moins ce qu’ils doivent à l’expérience et à la formation exceptionnelles qu’ils ont vécues et partagées au D.E.J.J.
Nicole FARHI
ALEH DEJJ